Translate

jeudi 26 mai 2016

La création de la Guillotine : l'application de la peine de mort de manière égalitaire entre les condamnés

Sous l’Ancien Régime, les condamnés à mort subissaient de graves, longs et douloureux châtiments.

Les exécutions s’effectuaient par décapitation (à la hache ou à l’épée), pendaison, ébouillantage mais aussi au bûcher ou par l’écartèlement.

Par ces divers moyens, on appliquait la peine de mort en exécutant les condamnés de manière complètement inégale. Par des moyens aussi variés, certains mouraient rapidement pendant que d’autres se voyaient prolonger la peine dans d’atroces souffrances jusqu’à ce qu’ils poussent leur dernier souffle.

Joseph-Ignace Guillotin

Le Docteur Joseph-Ignace Guillotin décida de mettre au point une machine permettant leur exécution de manière rapide et égalitaire face à la peine capitale : l’exécution serait la même pour tous, la décapitation.

Il savait que la section de la moelle épinière entrainerait une perte de connaissance instantanée et donc provoquerait la mort immédiate et sans souffrance.

Le 28 Novembre 1789, Guillotin présente son projet : fabriquer une machine destinée à décapiter les condamnés.


Il clame à l’Assemblée :
« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point. »
Il fait écrire une loi stipulant que « Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l’état du coupable ».

Un édit est proposé par Le Pelletier de Saint-Fargeau à l’Assemblée Constituante : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » pendant que Robespierre s’oppose à tout projet d’exécution désireux de faire abolir la peine de mort.

Guillotin, finançant ce projet, fait appel au chirurgien Antoine Louis (secrétaire perpétuel de l’Académie de Chirurgie) pour sa création.

Sa conception est belle et bien française même si les deux hommes s’inspirent de machines déjà existantes, utilisées à l’étranger (connues en Angleterre depuis le XIIIème siècle ou encore en Italie).


C’est ainsi qu’Antoine Louis fabrique une première machine que l’on surnomme La Louison ou Louisette.
Il place le tranchoir entre deux montants permettant un trajet direct de la lame.

L’Assemblée demande au concepteur d’améliorer cette machine à couper les têtes.
Antoine Louis s’entoure d’un mécanicien allemand, Tobias Schmidt qui l’aide à modifier la Louison.

Les deux hommes prennent également conseil auprès de Sanson (le bourreau de la Cour) accompagné d’un inconnu (qui n’est autre que Louis XVI).

C’est le roi lui-même qui leur donna de précieux conseils et redessina la lame. Evènement tragique quand on sait qu’il sera exécuté par ce même bourreau et ce même couperet…

Représentation de la tête de Louis XVI entre les mains de son bourreau
lors de son exécution le 21 Janvier 1793

Ils transforment donc la lame initialement en forme de croissant, en forme de trapèze.
Il est décidé de changer l’axe du couperet, d’horizontal il passe à la verticale (on coupe beaucoup plus vite une tête avec ce nouvel axe).

Le roi leur conseille également d’effectuer des tests.
Pour ce faire, ils choisissent de tester ces procédés sur de malheureux moutons en plein Passage du Commerce Saint-André-des-Arts (au numéro 9) …

La guillotine dont on se servait pour effectuer les test se situait par ici


Numéro 9 du Passage du Commerce Saint-André-des-Arts

Lors du test à l’horizontal, deux des trois têtes tombent.
Lors du test à la verticale, les trois têtes sont tranchées.
Afin d’être tout à fait sûrs, ils essaient également sur trois cadavres.
Les « résultats » sont en faveur du couperet vertical. C’est ce dispositif qui est choisi.

Mais alors pourquoi guillotine ?

Elle tient son nom des journalistes parlementaires qui, mécontents de se voir exiger une meilleure conduite de la part du docteur, attribuent son nom guillotine à cette machine du diable.
Une idée qui déplait bien sûr fortement à l’intéressé mais qui ne réussira jamais à en faire changer l’appellation.

Elle porta pourtant d’autres surnoms : le « rasoir national », la « Veuve » ou encore « la bascule à Charlot (en référence au bourreau Sanson qui s’appelait Charles-Henri, qui exécuta nombre de personnes et personnalités dont Louis XVI et Marie-Antoinette).

Exemple d'une scène d'exécution (prise à une période plus récente, les badauds s'y attardaient)

Le premier à avoir été décapité fut le voleur Nicolas-Jacques Pelletier le 25 Avril 1792.

Le plus surprenant ?

Le docteur Guillotin n’assistera jamais aux décapitations faites par la machine qu’il avait pourtant financé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire